Si personne n’ignore qui est Frédéric Chopin (1810-1849), musicien et compositeur polonais prodigue, célébré à travers le monde aujourd’hui par les meilleurs pianistes, peu connaissent la relation tumultueuse qu’il a vécue avec Aurore Dupin (1804-1876), plus communément connue sous le pseudonyme de George Sand, durant presque 10 ans. Cette femme de caractère qui a pris un nom d’homme pour publier ses œuvres est une figure emblématique de la littérature française et possède un tempérament bien affirmé mais qui ne résistera pas au jeune pianiste. Voici leur histoire. 

Comme toute histoire, tout débute par une rencontre. Et la première rencontre entre Sand et Chopin n’est pas des plus réussies. Ils se rencontrent à l’hiver 1836 à PARIS lors d’une soirée où Liszt vient rendre visite à son ami Chopin accompagné par George Sand. Ce n’est pas le coup de foudre et Chopin écrira plus tard à Liszt « Elle est antipathique, cette Sand». Il aurait même ajouté, « Est-ce vraiment une femme? ». Et pourtant, au printemps 1838, Sand et Chopin commencent à se fréquenter de manière régulière. Ils ont beaucoup souffert tous les deux de leurs précédentes relations comme en témoigne une certaine tristesse dans les œuvres du compositeur notamment dans ses Nocturnes. Sand, la première, tombe sous le charme de Chopin. Malgré sa rupture récente avec Alfred de Musset, elle pose sur le jeune compositeur un regard tendre, protecteur presque maternel et dans une lettre adressée à une amie elle le écrit « Quant au petit (Chopin), il viendra si il veut». Il vient. Leur relation durera presque 10 ans au total. 

Au printemps 1839, l’état de Chopin s’améliore et, apaisé, le couple part pour Gênes puis s’installe à NOHANT, cet écrin de verdure au cœur du Berry, domaine de la famille Sand où George a grandi, et passe tous ses étés entourée d’écrivains et d’artistes. Elle écrit en l’observant, il compose et joue pour elle chaque soir. Ils vivent une véritable parenthèse heureuse. Mais dès 1842, la santé de Chopin se dégrade à nouveau, malgré un concert couronné de succès en 1841 à la salle Pleyel à PARIS. Il devient boudeur et  tombe plusieurs fois malade. La mort de son père en 1844 n’arrange rien et le plonge dans le désespoir. Sand le décrit alors comme un « petit enfant chétif». La rupture intervient en 1846, alors qu’une violente dispute éclate entre Chopin et Sand. A l’origine de la querelle se trouve Solange, la fille de Sand en âge de se marier qui courtise Chopin et Maurice, le fils de Sand issu de son premier mariage qui ne supporte plus Chopin et veut le chasser de NOHANT. Chopin part à l’automne 1846, seul, par un jour pluvieux. Il fait ses adieux à George et au domaine. Il ne le sait pas encore mais il n’y reviendra plus.

Il consacre les dernières années de sa vie à la composition, affligé par la lettre de rupture que Sand lui a adressée en 1847, et rongé jour après jour par la phtisie. En novembre 1848, après un bref passage à LONDRES, il est de retour à PARIS, très affaibli et sans nouvelle de George. Au printemps 1849, sentant sa fin proche, il désire revoir sa famille. Sa sœur vient avec sa fille et son mari mais de George, pas de nouvelle. Il meurt le 16 octobre 1849 sans l’avoir revue mais entouré des siens.

Ce qu’il faut retenir de cette relation tumultueuse c’est la grande affection de Sand qui a toujours veillé du mieux qu’elle a pu sur son « cher petit» Chopin. Bien qu’elle fût sûrement plus une sœur qu’une compagne pour lui , elle soutint son incroyable niveau de production musicale et endura ses mauvaises humeurs et sa maladie pendant de longues années. A NOHANT, on peut toujours admirer le piano de Chopin et le fauteuil de Sand où ils ont passé heureux des belles soirées d’été, témoignage d’instants de légèreté et de bonheurs gravés dans le temps.