Janusz Korczak
Une vie dédiée à la cause des enfants
Janusz Korczak est entré dans l’histoire le jour de sa déportation au camp d’extermination de Treblinka, avec les enfants du ghetto de Varsovie qu’il n’avait pas voulu abandonner.
Pourquoi a-t-il accompagné ces enfants jusqu’à la mort ?
Janusz Korczak est une personnalité qui a révolutionné les droits des enfants.
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant a repris ses principes.
Aperçu de sa vie
Enfance
Né en 1878 à Varsovie d’une famille juive aisée, Henryk Goldszmit (de son vrai nom) a une enfance heureuse, son père est avocat, sa mère est de tradition juive progressiste. Mais en 1896, son père meurt à la suite d’une longue maladie mentale, la famille est ruinée et Henryk doit commencer à travailler. Il donne des cours particuliers.
Jeune adulte
Elève au lycée russe de Varsovie ‒ ville occupée par la Russie‒ et découvrant la misère des enfants, il devient un journaliste engagé.
En 1898, il entreprend des études de médecine à l’Université de Varsovie. Cette même année, il participe à un concours littéraire, envoie un drame en quatre actes Ktoredy ? (Par où ?), sous le pseudonyme de Janusz Korczak et devient membre de la Société des bibliothèques gratuites, destinées aux enfants et aux jeunes ouvriers. Il publie différents témoignages « Nędza Warszawy » (La misère de Varsovie) et des articles « Dzieci i Wychowanie » (Enfants et éducation).
En 1901 il publie son premier roman-feuilleton « Dzieci Ulicy » (Les enfants de la rue), où il décrit la détresse physique et morale des plus pauvres.
En 1905, ses études à peine terminées, il est mobilisé comme médecin militaire dans l’armée russe pour la guerre russo-japonaise. A son retour, il travaille dans un hôpital pour enfants pauvres et devient un médecin recherché. Puis il parfait ses connaissances en matières éducatives et pédagogiques dans des centres de vacances, à Berlin et en Suisse.
L’orphelinat
En 1908, il rencontre la pédagogue, Stefania Wilczyńska qui, comme lui, rêve de construire un endroit idéal pour accueillir les enfants pauvres. Il réunit des fonds, voyage à Paris, à Londres, écrit…
En 1912, inauguration de « Dom Sierot » (la maison des orphelins) à Varsovie. C’est l’un des plus beaux orphelinats avec des projets pédagogiques innovants basés sur le respect, l’éducation à la démocratie et à la participation. « La république des enfants ».
Elle fonctionnait avec :
‒Une constitution, fixant les règles de vie dans l’orphelinat ;
–Un parlement, où siègent des députés élus pour élaborer les lois ;
–Un tribunal, permettant aux enfants de récompenser et punir selon un code pénal ;
–Un journal hebdomadaire, relatant la vie de l’orphelinat.
Selon Korczak, « C’est en faisant vivre la démocratie aux enfants qu’ils seront mieux à même de l’intégrer et la défendre à l’âge adulte. » ou « L’enfant ne devient pas un homme il en est déjà un».
En 1914, il est de nouveau mobilisé, d’abord dans un hôpital de campagne de l’armée russe, puis à Kiev où il fait la connaissance de Maria Falska qui dirige alors un refuge pour enfants errants victimes de la guerre. Korczak y fait appliquer avec succès les règles préconisées à Dom Sierot.
De ces 4 années de guerre il ramènera son célèbre traité de pédagogie : « Comment aimer un enfant », publié en 1919 ».
En 1919, Maria Falska, ouvre à Pruszkow, à 25 km de Varsovie, Nasz Dom (Notre Maison), un établissement créé sur le modèle pédagogique de Janusz Korczak pour les orphelins de la guerre 1914-1918, polonais, de confession catholique, sous la direction pédagogique et médicale de Korczak.
En 1925, Korczak enseigne à l’Institut de pédagogie et à l’Université. Il est médecin-expert auprès du Tribunal pour les jeunes délinquants. Ses plaidoiries secouent souvent l’opinion.
En septembre 1939, dans Varsovie assiégée, il revêt son uniforme d’officier polonais qu’il ne quittera plus, de même qu’il ne portera jamais l’étoile discriminatoire. Il est rappelé à la radio pour soutenir le moral de la population.
Le 29 novembre 1940, Dom Sierot est déménagée dans le ghetto de Varsovie. Son ultime combat consiste à nourrir les enfants et préserver leur dignité. Il tient son « Journal du ghetto », un témoignage unique sauvé de justesse.
Sa mort au camp d’extermination
Le 8 août, Janusz Korczak menait les enfants, il y avait dans le cortège 192 enfants et près de dix de leurs soignants, dont Stefania Wilczyńska. Les Allemands ont proposé à Korczak la vie sauve, ce qu’il a refusé.
« Le fait que Korczak ait volontairement renoncé à sa vie pour ses convictions parle pour la grandeur de l’homme. Mais cela est sans importance comparé à la force de son message » Bruno Bettelheim.
- L’enfant n’est pas dupe : L’enfant pardonne facilement l’indélicatesse, le manque de tact, voire même les injustices des adultes. Mais jamais il ne s’attachera à un adulte prétentieux, froid ou despotique. Et s’il sent chez lui la moindre hypocrisie, il le repoussera ou se moquera de lui.
- L’enfant a le sens du devoir : Un enfant respecte l’ordre et le sens des responsabilités. Il veut trouver auprès de nous de la compréhension pour ses difficultés et de l’indulgence pour ses erreurs éventuelles.
Le camp d’extermination de Treblinka est situé près du village de Wolka Okraglik, à 80 km au nord-est de Varsovie. Il a fonctionné de juillet 1942 à septembre 1943 avant d’être détruit par les Nazis pour faire disparaitre les traces.
Il reste peu de vestiges du camp, mais le site est imprégné d’une atmosphère très particulière, composé de 17 000 pierres dressées avec le nom des villes ou des villages des victimes, et un mémorial a été implanté en mémoire de toutes ses victimes.
Photos récentes des orphelinats, statue à Varsovie, monument cimetière juif de Varsovie, et monument au mémorial de Yad Vashem en Israël.
Pour en savoir plus, Quelques livres de Korczak :
- Comment aimer un enfant (Jak kochać dziecko) 1919-1920,
- Le roi Mathias Premier (Król Maciuś Pierwszy) 1922,
- Le Droit de l’enfant au respect (Czytelnia dla wszstkich)1928-1929,
- Quand je redeviendrai petit (Kiedy znów będę mały) 1925,
- Les Règles de la vie. Pédagogie pour les jeunes et les adultes (Prawidła życia – Pedagogika dla młodzieży i dorosłych), 1929.
- Le film d’Andzej Wajda : Korczak, sorti en 1990.