Jerzy POPIEŁUSZKO
prêtre catholique polonais, né le 14 septembre 1947, a été assassiné à l’âge de 37 ans en octobre 1984, a été béatifié le dimanche 6 juin 2010 à VARSOVIE.
Né à Okopy, petit village du nord-est de la Pologne dans une famille modeste de paysans, où il deviendra enfant de chœur. A 18 ans il entre au séminaire à Varsovie. Au début de sa seconde année d’étude, il est mobilisé dans l’armée. Jerzy Popiełuszko fut un soldat distingué, d’un grand courage défendant ses convictions, ce qui l’a conduit à subir diverses formes de persécution.
En 1972 il est ordonné prêtre des mains du cardinal Stefan Wyszynski Primat de Pologne.
Rappel historique
En octobre 1978, Karol Wojtyła, archevêque de Cracovie est élu pape et prend le nom de Jean-Paul II, c’est un homme énergique. Dès l’année suivante, son premier voyage est consacré à son pays natal où il fait entendre ces mots : « N’ayez pas peur ».
En 1980, les grèves des chantiers navals de Gdansk, importante ville portuaire sur la Baltique, conduisent à la création du syndicat Solidarność. Le gouvernement polonais, aux ordres de l’URSS, réagit et proclame l’état de siège le 13 décembre 1981 : toutes les réunions sont interdites, à l’exception des messes.
C’est en août 1980 que le Cardinal Wyszynski demande au jeune prêtre varsovien d’être l’aumônier des aciéries de la capitale. C’est ainsi que Jerzy Popiełuszko est devenu un ardent défenseur de l’idéal du syndicat de Solidaność. Aussi célèbre-t-il chaque mois dans sa paroisse des messes dites « Messes pour la Patrie » au cours desquelles il prononce de vibrantes homélies pour la justice sociale et le respect de la liberté de l’homme. Ses sermons, diffusés par Radio Free Europe, attirent de nombreux fidèles. Il devient un dangereux agitateur pour le régime en place.
En 1983, il est accusé de détention d’armes et est arrêté par la SB (Sluzba Bezpieczeństwa service de sécurité).Il est vite relâché grâce à l’intervention du clergé.
En octobre 1983, il échappe miraculeusement à un accident de voiture, mais, le 19 octobre 1984, au retour d’une visite pastorale à Bydgoszcz, il est arrêté enfermé dans le coffre de la voiture de ses kidnappeurs tandis que son chauffeur, l’ancien parachutiste Waldemar Chrotowski, menotté et placé de force dans l’habitacle, réussit à s’échapper et à avertir la population.
Après avoir été torturé à mort, le corps de Jerzy Popiełuszko est lesté puis jeté dans un réservoir d’eau de la Vistule. Son corps méconnaissable ne sera découvert par des plongeurs que plusieurs jours plus tard, grâce aux aveux des trois officiers.
Pour sauver les apparences et faire croire qu’il s’agissait d’un meurtre politique, les trois officiers coupables sont condamnés en 1985 à des peines de prison. Dès le 14 décembre 1987, la cour suprême de Pologne les fait bénéficier d’une importante remise de peine avant d’être libérés sans connaître les véritables commanditaires.
Deux ans avant sa mort, il terminait ainsi dans un de ses sermons : « Nous prions Dieu de nous donner l’espérance, car seulement ceux qui sont forts par l’espérance sont capables de surmonter toutes les difficultés ».
En novembre 1984, plus de 500 000 personnes se déplacent pour ses funérailles. Ses obsèques vont insuffler une seconde vie au syndicat Solidarność alors bâillonné.
Inhumé au cœur même de sa paroisse, sa modeste tombe est constamment couverte de fleurs (un réseau de plusieurs dizaines de fidèles veille en permanence sur la tombe du prêtre). Elle est devenue un lieu de pèlerinages. Jean Paul II lui-même est venu s’y recueillir en 1987.
L’abbé Popiełuszko symbolise aux yeux des Polonais la lutte commune de l’opposition démocratique et de l’Église catholique contre un régime totalitaire.
Le pape Jean-Paul II avait ouvert son procès en béatification en 1997.
En 2008, il est déclaré Serviteur de Dieu puis le pape Benoît XVI, approuve la béatification de Jerzy Popiełuszko le 19 décembre 2009, en tant que martyr de la foi sans qu’un miracle soit reconnu.
Le 6 juin 2010, l’archevêque Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, préside sur la place Piłsudski la grand-messe de béatification du père Popiełuszko, co-célébrée par 120 évêques et 1 300 prêtres en présence de la sœur du défunt, de ses frères, de sa mère Marianna, de Lech Wałesa et de près de 150 000 fidèles.
A l’issue de la messe, des reliques du prêtre ont été portées en cortège à travers Varsovie pour être déposées au « Temple de la Providence Divine », une imposante église en construction dans le quartier de Wilanów, à 12 km de la place Piłsudski.