Adieu Kioski Ruchu
Si vous avez emprunté les rues des villes polonaises, vous avez vu et peut-être même utilisé, pour faire quelques achats, ces kiosques, particularité polonaise en villes comme en campagnes. Et bien s’en est fini…
Adieu « cabanes » vertes et jaunes où l’on trouvait de tout ! Elles ont disparu des trottoirs, délaissées par la clientèle qui s’est tournée vers d’autres modes d’achats. Dans notre société de rentabilité on ne conserve plus les reliques du passé.
Et pourtant, dans les années 1990, il y en avait 30 000 en Pologne. De dimensions modestes, 2 mètres de large, 3 mètres de long et de haut, vitrées dans leur partie supérieure, avec une petite fenêtre d’une vingtaine de centimètres, sorte de guichet pour le vendeur dont on ne voyait que les mains. Il fallait souvent se baisser pour les échanges.
D’architecture différente selon les villes et les années, ces kiosques étaient à chaque coin de rues. Proches du domicile, de l’arrêt de bus ou du tram, que de services ils ont rendus !
Pourquoi un tel succès ?
Apparus à l’époque de le République Populaire (milieu du XXème siècle), ces kiosques étaient les points de vente des achats quotidiens. Véritables cavernes d’Ali Baba, on y trouvait de tout : journaux, magazines, tickets de bus et de tram, cigarettes, tabac et accessoires pour les fumeurs, savon, dentifrice, brosses à dents, à cheveux, cure-dents, shampoing, laque, bidons de lessive de toutes sortes, produits à vaisselle, de nettoyage, sous-vêtements, chaussettes, bas fins, ou épais, médicaments, jouets, sans oublier bonbons, gâteaux … Le tout entassé derrière les vitres et même parfois devant, pour les légumes !
Apogée dans les années de restrictions
Dans les années 80, années de pénuries, les files d’attente s’allongeaient avec l’espoir de trouver un peu de nourriture. La queue permettait aussi d’échanger des informations.
C’est en 1990 que les kiosques Ruch ont connu leur apogée lorsque la chaîne a pu livrer les marchandises même dans les petites villes, c’était alors un canal important pour la diffusion de la presse‒ essentielle pour les échanges sociaux.
Pourquoi les kiosques ont perdu de leur vitalité ?
Plusieurs facteurs ont contribué à leur inutilité.
2004, la Pologne entre dans l’Union européenne. Les investisseurs et les enseignes étrangères arrivent, avec elles la construction de grands Centres commerciaux et un changement du mode de consommation.
Malgré l’apparition de nouvelles générations de kiosques plus grands, plus ouverts, qui offraient, avec la vente de journaux magazines et livres la dégustation de cafés, rien n’a empêché leur déclin.
Les cigarettes sont vendues dans les supermarchés, les tickets dans les distributeurs automatiques, ou sur son application de mobile, la presse écrite est délaissée au profit de la télévision… ORLEN, le dernier propriétaire décide de leurs fermetures.Comme en France, les Polonais font leurs courses dans les supérettes de proximité aux noms d’animaux, Biedronka (coccinelle), puis Żabka (grenouille).
Cimetière des kiosques : Dąbrówka Mała
C’est dans ce village, à une centaine de kilomètres de Varsovie, entre Łódź et Varsovie, que les nostalgiques des kioski pourront les retrouver, mais… sans les odeurs ni les échanges !
Texte de Roselyne MIEJAC