A l’heure où l’usine de Rosières ferme définitivement ses portes, l’Association France-Pologne a proposé la visite de ce village emblématique de la marque Rosière, mais aussi lieu de mémoire pour de nombreux Polonais, Polonaises et leurs descendants.
Au milieu, Rosières en 1978 et les différents ateliers, encadré par des publicités anciennes.
C’était le 30 septembre, il faisait beau et les trente personnes qui ont répondu à l’invitation ses sont retrouvées sur la place Léon Dupuis autour d’Alain Poulain, représentant de l’Association des Amis de Rosières, notre guide.
Continuant notre route, nous passons devant une grande bâtisse, c’était le cinéma.
Derrière, un autre bâtiment, l’ouvroir, où les jeunes femmes et les jeunes filles travaillaient pour les Maisons de confection de la région. Il est devenu un lieu pour les artistes.
A côté, d’autres lieux chargés d’histoire : la garderie, la crèche, le dispensaire où les religieuses donnaient les soins et animaient le patronage pour les jeunes. Tous ses souviennent avec émotion de leur enfance heureuse, avec des activités auxquelles tous participaient.
La volonté de conserver la main d’œuvre a incité l’entreprise à mettre en place ce mode de gestion paternaliste avec des avantages sociaux avant l’heure au plan national avec une bibliothèque, un club du foot réputé, une fanfare, un patronage, etc, mais perdus en cas de décès du père. « Il y avait de l’entraide entre ouvriers ! » précisent Héléna et Irène.

Et puis ce sont les maisons toujours, quelque peu changées, mais toujours habitées. Propriété de l’usine pour loger le personnel, elles ont été vendues en 1980. Construites sur le modèle des corons du nord, alignées en « rangs », souvent jumelées, elles comprenaient 2 pièces, une cave, un grenier, un jardin d’environ 500 m². Il fallait bien des légumes ! Maison avec un étage pour les chefs !
A gauche, maisons attribuées aux chefs. A droite, maisons de plain pied ouvrières.
Nous arrivons devant un grand terrain vague, là où était l’hôtel des célibataires, le « Bon accueil », aujourd’hui détruit.
Après les rues aux noms particuliers, de la couleur du sol : Rang rouge, Rang noir ; des directeurs : rue Roussel, rue Dumez, retour sur la place.
Ici se trouvaient les commerces : en 1935, la cité comptait 500 logements et vivait en quasi-autarcie avec une coopérative, une ferme, une charcuterie, une boulangerie, un coiffeur un tabac-presse, une poste, une école. Il existait même une monnaie « L’abeille de Rosières » en vigueur dans les commerces. On peut encore voir les bâtiments rénovés.
Ancienne école de filles
Midi, il est temps d’aller déjeuner à côté de l’épicerie « Le petit Frondeur ». Moment convivial comme il se doit.
Puis, 14h, direction le musée de la fonderie. Là, ce sont Pierre et Brahim des Amis de Rosières qui nous accueillent.
Tous les objets collectés par les passionnés, anciens de l’usine, rappellent ce qu’un certain nombre d’entre nous ont connu dans leur jeunesse chez les grands-parents : cuisinière en fonte brute ou émaillée qui permettait d’avoir toujours de l’eau chaude, cocotte, outils…
Nos guides expliquent le dur travail des ouvriers dans les différents ateliers : moulerie, presse, émaillage… Une vidéo montre ce que fut la dernière coulée de fonte en 2006.
La moyenne d’âge de la mortalité était d’une quarantaine d’années et alors, plus droit au logement ou bien un enfant prenait la relève, mais « personne ne restait sur le bord de la route, précise Alain, il y avait de l’entraide ».
Nous terminons la journée à l’église. Cette église est particulière puisque construite après 1905 en deux ans et avec les fonds d’une généreuse donatrice, en mémoire de son mari Albert Dumez -ancien administrateur de l’usine-. Deux vitraux les représentent.
L’usine l’a cédé à la commune en 2003 pour l’euro symbolique. En 2011 son centenaire a été fêté le jour de la saint Albert en présence d’un ancien de Rosières devenu prélat, monseigneur Kalist, et dans la foulée s’est créée l’Association des Amis de Rosières.
Cette association contribue à l’amélioration de l’édifice avec la réfection du clocher, l’électrification des cloches, l’installation du chauffage…
Après toutes les explications et souvenirs d’Alain, de Pierre, de Brahim et des participants, chacun est reparti satisfait de cette journée dans le village qui ne vit plus avec l’usine mais où fait bon vivre semble-t-il.