À l’aube de la Seconde guerre mondiale, alors que la Pologne est envahie par l’Allemagne nazie, des Polonais refusant la défaite, se replient en France, où ils montent une armée de 80 000 hommes et créent  une opération de résistance. Cette idée, l’officier Piłecki la partage. Resté  en Pologne pour se battre, il rejoint Varsovie et forme, avec son commandant, une armée secrète polonaise.

Il  apprend l’existence d’un camp  de prisonniers à Auschwitz  mais ne sait pas exactement ce qui s’y passe. Intrigué, Witold Piłecki  se propose d’infiltrer les lieux, malgré les réticences de ses supérieurs.

Pour cela, il prend l’identité d’un résistant, Tomasz Serefiński. En septembre 1940, il sort délibérément dans la rue et se fait arrêter par la police nazie. Après avoir passé deux jours dans un wagon à bestiaux, il arrive à Auschwitz. Matricule 4859.

 Après avoir appris l’existence des chambres à gaz et des fours crématoires mais surtout la cible que représentent les juifs, il délivre rapidement un premier rapport en mars 1941. Il les confie à l’oral à de rares prisonniers libérés, ou à des civils et contremaîtres qui peuvent pénétrer dans le camp. Ces complices doivent apprendre par cœur les phrases de Witold Piłecki et retenir un mot de passe qu’ils énonceront à la résistance polonaise qui transmettra ces informations à Londres.

Le réseau de prisonniers permet aussi d’apporter un soutien moral et matériel aux détenus, à travers le vol de nourritures et de médicaments, et prépare également  des plans en cas d’attaque extérieure sur Auschwitz.

Tout au long de son infiltration, l’officier croit en une intervention des forces alliées. Elle n’arrivera pas, du moins pas cette année-là. Celles-ci ne se sentent pas assez fortes pour attaquer et décident donc de ne pas intervenir.

 L’infiltré estime alors qu’il est temps pour lui de s’enfuir. La nuit de Pâques, entre le 26 et le 27 avril 1943, il s’évade avec deux de ses camarades à partir d’une boulangerie du camp, placée à l’extérieur de la clôture, dans laquelle ils travaillent.

Désormais libre, Witold Piłecki peut remplir un second rapport qui ne sera pas pris au sérieux face au nombre de morts qu’il décrit. La réalité du camp d’Auschwitz paraît alors bien trop sordide pour être vraie. Sa mission terminée, l’officier est promu capitaine de cavalerie et retourne à Varsovie pour participer à sa libération en intégrant les services secrets et préparer une résistance en vue d’une possible occupation soviétique de la Pologne.

Quelques années plus tard, le 15 mars 1947, il est condamné à mort pour espionnage par les soviétiques. Lors de la dernière visite de sa femme, il lui a dit « Auschwitz était un jeu ». La sentence a été exécutée le 5 mai 1948 à la prison de Rakowiecka, par une balle dans la nuque.


Sa tombe n’est qu’une tombe symbolique, le lieu de sépulture n’a jamais été révélé par les autorités communistes.
Tombe cimetière  militaire de « Łaczka » et de « Powązki ». Tombe à  Ostrów Mazowiecka (lieu de recueillement pour  sa fille)

Le 13 mai 2017, un monument en son honneur a été inauguré à Varsovie
 Le 17 septembre 2019, dévoilement de sa statue à Gdansk
Monument situé près de l’opéra de Wrocław :
 « l’anneau noir »  à l’intérieur duquel est inscrit  Parce que même si je devais perdre la vie – je la préfère -que de vivre – et d’avoir une blessure au cœur – Capitaine Witold Pilecki 1901-1948.

                                         
Le Musée « Soldats Maudits » exposition-souvenirs des soldats de la résistance clandestine anticommuniste.

Pour en savoir plus :

  • 2 BD en français
  • Le rapport sur l’extermination des juifs en 1942
  • Le documentaire de LCP : infiltré à Auschwitz